Bio-Plateaux – collaboration autour de l’eau

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Bio-Plateaux – collaboration autour de l’eau

Allier ses connaissances en termes de biodiversité et de ressources disponibles en eau : telle est l’ambition du projet Bio-Plateaux mis en place à l’initiative de la Guyane et en coopération avec les gouvernements surinamais et de l’Amapa. 

Ce matin au grand Hôtel Montabo, les salons de conférence ont pris une dimension tout à fait internationale en y recevant par voie numérique les représentants des gouvernements du Suriname et de l’Amapa. Les équipes du gouverneur sont en ligne depuis Macapa tandis que le ministre surinamais assiste quant à lui aux échanges depuis Paramaribo. Ce matin là, il n’est cependant pas question de parler de capitales ; mais bien du coeur de nos trois pays : l’Amazonie profonde.

D’initiative guyanaise, le projet Bio-Plateaux a vocation à permettre la mise en place d’une nouvelle dimension de coopération entre Brésil, Suriname et Guyane grâce à une plateforme numérique d’échange de données scientifiques sur le principe d’une veille accrue autour d’une ressource des plus vitales : l’eau issue de nos puissants bassins fluviaux et frontaliers que sont le Maroni et l’Oyapock.

L’objectif premier de ce projet transfrontalier est d’en connaître au maximum la biodiversité tout en en préservant son environnement autant que possible.  » C’est en 2018 au Forum mondial de l’Eau qui se tenait à Brasilia que l’alignement des planètes a eu lieu ; on a vraiment trouvé un écho très favorable à notre proposition tant du côté surinamais que du côté du gouvernement fédéral du Brésil, se souvient Patrick Lecante, président du comité de l’Eau et de la biodiversité en Guyane. Il s’agit de pouvoir sécuriser l’accès à l’eau des populations et qu’elles puissent s’emparer de la maitrise des données que nous leur fourniront afin de protéger les habitants. Ce, afin que ces derniers puissent utiliser cette ressource si précieuse que sont les eaux de l’Oyapock et du Maroni dans le respect de la préservation. »

DE NOUVEAUX BULLETINS MÉTÉO

Force est de constater que si le militantisme du travail des scientifiques comme des associations a pour objet premier la préservation absolue de la qualité des ressources en eau et de son biotope ; géopolitique et diplomatie semblent avoir été à même de faire accepter l’idée qu’une préservation raisonnée passe par un développement des populations qui y sont présentes de manière effective.  » Il faut bien évidemment prendre en compte la protection de cette ressource en eau, mais aussi en comprendre ses différents usages dans un contexte de populations à très forte démographie. C’est ce que l’on ui appelle la « pression anthropique » qui est à l’origine des pollutions que l’on connait «  poursuit Patrick Lecante, également maire de Montsinéry-Tonnegrande.

Nous avons une grande satisfaction à déjà constater le bénéfice des actions concrètes que nous mettons en place. A l’avenir, j’espère que notre surveillance du niveau des cours d’eau pourra permettre d’éviter des drames matériels et économiques tels que l’a connu Camopi cette année lors de la crue exceptionnelle de l’Oyapock. Une première révolution sera de pouvoir fournir des bulletins météo de l’Intérieur ! se réjouit l’édile.

Ces actions de résilience devraient donc permettre aux populations d’être mieux préparées aux contraintes naturelles. La plateforme est désormais en fonctionnement, il ne nous reste plus qu’à en affiner le modèle et nous devrions d’ici 2023 ou 2024 ouvrir notre observatoire qui pourra fournir toujours plus d’applications immédiates. « 

 » L’AMAZONIE EST DÉJÀ HABITÉE ! « 

Hélène Sirder, 1ère vice-présidente de la CTG -assemblée qui dispose de la compétence en terme de coopération- et aussi présidente du PNRG, n’y va pas par quatre chemins quant il s’agit du développement de la zone. « Nous sommes des pays amazoniens avec comme caractéristiques communes d’être en développement et de faire face à une explosion démographique. On connaît tous les risques que représentent les pollutions : à commencer par celles de l’orpaillage clandestin.

Mais à l’international, il y a cette conception de l’Amazonie qui ne partage pas nos réalités. Il y a là des opinions qui se voudraient généreuses mais qui veulent nous imposer une vision, des modèles économiques, des pratiques et des usages qui ne correspondent pas du tout à ce que nous sommes. Il faut pouvoir défendre ces modes de vie aussi bien face à nos gouvernants que face aux puissants lobbies des associations écologiques qui ne comprennent pas toujours que l’Amazonie est déjà habitée ! explique Hélène Sirder.

Notre objectif est donc de concilier la conservation de la biodiversité et le développement des activités humaines. Il n’est pas question que par des idées on se retrouve placé sous cloche. 
Si nos territoires sont aujourd’hui tant scrutés ; c’est précisément parce que nous avons su les protéger : qu’ils relèvent de notre responsabilité, poursuit l’élue de la collectivité.

L’Homme a toujours eu besoin de la nature, de son eau, de ses plantes. Ce que je veux dire par là, c’est que l’Homme va toujours protéger la nature parce qu’il sait ce qu’il peut en tirer. Aujourd’hui on perçoit la nature sans l’Homme, ce qui a un impact néfaste sur l’environnement.  » 
Au delà de l’aspect de collecte purement scientifique, Hélène Sirder estime qu’un tel projet -en permettant aux populations de se développer- saura les inciter à la meilleure des préservation de leurs ressources en eau : « Il y aussi un gros enjeu éducatif : il faut commencer par expliquer que les déchets ne peuvent partir dans le fleuve ou encore initier les notions de schéma directeur de l’eau.

Aujourd’hui nous sommes articulés autours de nos deux fleuves frontaliers ; demain j’espère que nous dialoguerons avec les états du Para, de l’Amazonas et du Roraïmas, ainsi qu’avec le Guyana et le Venezuela. Nous avons tant de projets à mettre en place. »

Grâce aux très récentes avancées bilatérales entre la France et le Suriname en termes de coopération frontalière, ne serait-ce que dans le cadre de la lutte contre les barges illégales; celle-ci devrait prendre un nouveau souffle sur le bassin du Maroni. Du côté du Brésil, ce sont par exemple les pompiers qui pourront intervenir dans les parties de l’Oyapock où les services guyanais ne sont pas encore présents. Toujours dans un souci d’accès au développement de la population pour leur permettre de mieux protéger leurs ressources en eau.

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