Génétique des populations
Alexandra TINAUT, 27 ans, est une jeune chercheuse, en deuxième année de thèse à Kourou1. Originaire de Saint-Laurent du Maroni, elle est attirée par les sciences dès son plus jeune âge. Elle aime observer et comprendre le fonctionnement de son environnement équatorial.
Elle s’oriente vers un parcours scientifique au lycée, avec l’intention de devenir technicienne de laboratoire en milieu hospitalier. En terminale, la fête de la science lui permet de rencontrer des chercheurs travaillant à la valorisation de la richesse végétale guyanaise : c’est pour elle la révélation de sa vocation !
J’ai décidé d’étudier la génétique pour exercer le métier de chercheur le jour où j’ai rencontré une chercheuse guyanaise passionnée de biodiversité lors d’une fête de la science.
Motivée par son objectif, elle part étudier en métropole après avoir décroché une licence de biologie à Cayenne, pour obtenir un Master spécialisé en génétique (Bac +5). De retour en Guyane, elle exerce brièvement les métiers d’enseignante de SVT au lycée, puis d’ingénieur d’étude en laboratoire de recherche à Kourou, avant de
commencer une thèse de génétique des populations.
Ses travaux de recherches portent sur une famille d’arbres présents en Guyane et plus largement de l’Afrique de l’ouest à l’Amérique du sud : les manils (Symphonia).
En Guyane comme ailleurs, les plantes, êtres vivants sédentaires, s’adaptent de génération en génération, aux changements de leur environnement. Elles évoluent pour s’adapter aux changements rapides de l’environnement local où elles se développent (reliefs à l’échelle d’une région, saison à l’échelle d’une année), mais aussi à des changements environnementaux et climatiques, plus globaux et plus lents.
De nouvelles espèces apparaissent ainsi, dont les nouvelles caractéristiques sont plus appropriées à leur environnement proche, en se différencient à partir d’ancêtres communs (mécanisme de spéciation). Les arbres qu’étudie Alexandra, les manils, poussent en Guyane dans deux types d’environnements très différents : dans les marécages des bas-fonds gorgés d’eau et sur les pentes bien drainées des reliefs. Au stade adulte, les individus des populations de manils se développant dans l’eau et ceux poussant sur les reliefs plus secs se ressemblent beaucoup mais présentent quelques différences visibles.
Ces manils de Guyane appartiennent vraisemblablement à une unique espèce en train de se séparer en deux espèces distinctes. Le but d’Alexandra est de comparer l’héritage génétique de deux populations de manils évoluant dans des environnements différents : l’une présente sur les reliefs et l’autre dans les marécages.
L’équipe de recherche d’Alexandra avance l’hypothèse, au vu de l’adaptation du manil à ces deux environnements très différèrent, que cette unique espèce donnera au terme de cette évolution, deux espèces bien différenciées.
OBJECTIFS
- Etudier du point de vue génétique les populations de Manils de Guyane présentes sur les reliefs et celles présentes dans les marécages.
- Etudier la possible différenciation en Guyane de deux espèces différentes de Manils, par un mécanisme de spéciation
Alexandra TINAUT – Manils guyanais : naissance d’une espèce ? Génétique des populations
1 UMR 0745 EcoFoG : Ecologie des Forêts de Guyane
Félicitation à cette jeune chercheuses guyanaise originaire de Saint Laurent et qu’elle continue dans cette voie et big force pour elle.
Une fois de plus: « La femme est l’avenir de la Guyane ».