Une nouvelle collection pour le musée numérique
“Caraïbes, Guyane-Amazonie” ouvre bientôt ses portes numériques au public. 450 œuvres ont été réunies en une seule collection interdisciplinaire, présentant les arts et le patrimoine de Cuba, Puerto Rico, de la République Dominicaine, de la Guadeloupe et de la Martinique, en passant par l’île de la Dominique et le plateau des Guyanes. Une initiative d’ampleur rendue possible grâce au dispositif national des Micro-Folies.
« Imaginez, des centaines d’œuvres, réunies ici et là-bas en même temps, en un seul et même objet numérique. Une collection plurielle, éclectique, mais non exhaustive, qui vous permet de découvrir la Joconde depuis les Abymes, Les Demoiselles d’Avignon depuis Sainte-Marie en Martinique ou encore un tableau d’un opéra célèbre à Maripasoula en Guyane. C’est ça, la Micro-Folie, c’est cette idée absolument géniale qu’il est possible de faire parcourir la culture, de l’envoyer à des milliers de kilomètres, pour la partager avec le plus grand nombre, dans un lieu ouvert et convivial », nous explique d’emblée Fanny Bonnaud, responsable opérationnelle du dispositif.
450 œuvres ont été réunies en une seule collection interdisciplinaire, présentant les arts et le patrimoine de Cuba, Puerto Rico, de la République Dominicaine, de la Guadeloupe et de la Martinique, en passant par l’île de la Dominique et le plateau des Guyanes.
En direct de la Villette, cinq jours sur sept, ils sont une quinzaine à assurer le suivi permanent de ces Micro-Folies qui ont vu le jour en 2017, sous la houlette de Didier Fusillier, metteur en scène et président de l’Établissement public du parc et de la grande halle de la Villette. Cette initiative de proximité visant à rapprocher les publics du monde culturel, a vu le jour, peu après les attentats de Charlie Hebdo dans les quartiers et zones prioritaires. L’objectif est alors de rendre accessible les œuvres d’art à l’ensemble des publics en les ouvrant au plus de territoires possible.
Pour cela, il a fallu faire travailler ensemble, et dès 2015, plusieurs établissements culturels, qui n’avaient, jusqu’à présent, aucune politique commune sur ce sujet. « On a commencé avec le parrainage de douze partenaires comme le Louvre, le Centre Pompidou ou encore l’Opéra de Paris. Cinq ans plus tard, 80 établissements y participent. »
« La Micro-Folie, c’est cette idée absolument géniale qu’il est possible de faire parcourir la culture, de l’envoyer à des milliers de kilomètres, pour la partager avec le plus grand nombre, dans un lieu ouvert et convivial. »
Partir à la rencontre d’une œuvre dans un tout autre espace
Le dispositif des Micro-Folies repose sur l’ouverture d’un lieu convivial dédié à la rencontre entre les publics et dans lesquels sont rendus disponibles des collections numériques. « La première Micro-Folie a vu le jour à Sevran, il y a cinq ans, où l’on a imaginé ce qui constitue le cœur du projet : créer un lieu de vie chaleureux dans lequel tout le monde est accueilli », souligne Fanny Bonnaud qui a suivi, depuis ses débuts, l’émergence du projet. « Ce que l’on trouve intéressant, c’est de moduler l’endroit en fonction des besoins des populations. Une Micro-Folie peut être un fablab, il peut être composé d’une ludothèque, d’un espace de gaming, d’un espace scénique ou même d’une cuisine pour certains. C’est la manière de concevoir ce lieu de vie et de dialogue qui importe. »
« Une Micro-Folie peut être un fablab, il peut être composé d’une ludothèque, d’un espace de gaming, d’un espace scénique ou même d’une cuisine pour certains. »
Nouveau lieu de connexion en ville, ou nouveau repère en milieu rural, les Micro-Folies sont devenues en l’espace de cinq ans, une prolongation de ce qui avait fait, dans les années 1980 et 1990, le succès des maisons de quartiers. « Notre objectif est de mettre à disposition un outil numérique assez simple, accessible à tous, avec deux modes d’accès aux œuvres. Dans un premier temps, le mode “visiteur libre” qui permet à tout un chacun de réaliser sa propre visite, en toute autonomie, sur une tablette ; ou un deuxième mode “conférencier”, où cette fois-ci, un enseignant, un médiateur culturel a la possibilité d’animer un atelier qu’il peut thématiser en fonction de ces affinités, de sa spécialité, avec tel ou tel sujet. La tablette numérique devient donc un outil pédagogique pour encourager la curiosité, l’échange, le débat et, nous l’espérons pour aider à franchir les portes d’autres lieux culturels et découvrir les œuvres en vrai. »
Un vaste réseau de Micro-Folies à l’échelle locale
On en décompte aujourd’hui plus de 204 partout en France, et même implantées aux quatre coins du monde, notamment à travers les réseaux des Instituts français et des Alliances françaises ; et si leurs physionomies sont plurielles, c’est bien parce qu’elles sont toutes à l’image des lieux qui les accueillent ou des projets qui les soutiennent. On notera pour l’exemple, la chapelle du Sauveur à la Souterraine dans le Limousin, la magnifique Abbaye Royale, portée par la Ville de Saint-Jean-d’Angély ou la Fabulerie, tiers-lieu culturel, situé dans le quartier Noailles, à Marseille ou encore la Canopée des Sciences de Cayenne.
« Très souvent, on a des Micro-Folies qui s’intègrent dans un espace déjà existant, comme dans une médiathèque, une maison écocitoyenne ou même un lieu mobile. À chaque fois, on fait très attention à ce que la Micro-Folie s’adapte aux publics et aux usages. Mais bien souvent, étant donné que le projet est initié à l’échelle supra locale, nous sommes certains, avec les communes, les villes ou les régions, que le prochain qui verra le jour sera adapté aux besoins sur le terrain », ajoute Fanny Bonnaud.
Dans son communiqué du 24 juin 2021, le Ministère de la Culture, qui avait confié dès 2017, à la Villette, la mission d’accompagner le déploiement des Micro-Folies, revenait sur l’importance de ces plateformes culturelles : « 130 Micro-Folies ont ouvert leurs portes dans tout le pays, dans des territoires la plupart du temps éloignés des grands équipements culturels et 3 millions d’habitants ont aujourd’hui accès, près de chez eux, à une Micro-Folie », s’est réjouie Roselyne Bachelot, ministre de la culture. « Et ce n’est pas tout : 59 Micro-Folies seront très prochainement inaugurées et plus de 400 projets sont en construction. »
En Outre-mer, le défi est d’autant plus important qu’il constitue un outil de cohésion sociale et de continuité territoriale. « Par exemple, en Guadeloupe, la DRAC et la Préfecture ont souhaité soutenir un projet itinérant avec l’association Ciné Woulé qui participe à la démocratisation du cinéma itinérant depuis 25 ans. En 2019, le centre culturel Félix Proto déployait une proposition aux Abymes. Une autre verra bientôt le jour, dans la commune du Moule. En Guyane, le projet a été porté par la Canopée des Sciences et soutenu conjointement par la DAC et la DG-CAT. Implantée au sein d’une Fabrique Numérique située au Totem, la Micro-folie est désormais au cœur d’un réseau de tiers-lieux d’envergure régionale dans le cadre d’un dispositif territorial baptisé Reliance. » Chaque projet se voit soutenu à hauteur de 15 000 euros, équipements compris.
Une nouvelle collection “Caraïbes Guyane-Amazonie”
Mais le projet des Micro-Folies ne s’arrête pas là ; il s’attache également à mettre en lumière le patrimoine commun, matériel et immatériel d’une zone géographique grâce à la création d’une collection numérique dédiée. « Comme avec les grands établissements culturels, nous sélectionnons des œuvres, retraçant l’histoire, l’archéologie, les œuvres contemporaines qui ont fait date. De cette façon, nous évitons de garder un regard centralisé sur les grands musées parisiens », explique Adryaan Martins, en charge des collections.
« Notre objectif a été d’utiliser l’outil numérique pour donner à voir les arts et les cultures de cette région du monde. »
« C’est d’ailleurs dans cette volonté de démocratiser les savoirs caribéens et amazoniens qu’est née, en 2019, juste avant la pandémie, l’initiative – devenue collection – Caraïbes Guyane-Amazonie. » Rendue possible grâce au travail de coordination entre 28 institutions caribéennes – on pourra citer en exemple, le Mémorial ACTe de Pointe-à-Pitre, l’écomusée de Marie-Galante, le Parc National de la Guadeloupe, la Canopée des Sciences de Cayenne ou encore le Musée des Beaux-Arts de la Havane – la collection a fait l’objet d’un grand tour de table et d’un soutien indéfectible des DAC locales. « Notre objectif a été d’utiliser l’outil numérique pour donner à voir les arts et les cultures de cette région du monde. »
Ici encore, le contenu n’est pas exhaustif – 450 œuvres – et n’a pas vocation à l’être, mais la collection a été pensée comme une première porte d’entrée numérique. Permettre à tous les acteurs culturels sur place de faire apparaître ensemble un « panorama de cette partie du monde pour démocratiser l’accès aux cultures » est la première ambition du projet. La collection verra le jour, au premier trimestre 2022. Elle rejoint ainsi l’histoire culturelle, vivante et universelle, en cours d’écriture.
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