Être cultivé, ce n’est pas seulement avoir le goût de la musique, de la littérature, connaître les classiques – ni même, bien sûr, conserver la mémoire de ses racines.
La culture, de tout temps, a été le moyen qu’une communauté, qu’elle revête une forme politique de mode occidental ou non, à la fois reconnaisse ses membres (et que ceux-ci se reconnaissent entre eux pour exercer la solidarité qui caractérise une communauté) et dispose de l’ensemble des connaissances qui lui permettent, dans un milieu donné, de survivre, donc de s’adapter et d’évoluer en fonction des nécessités et des aspirations morales qu’elle élabore. C’est pourquoi aucune culture, aucune civilisation, n’a jusqu’à une époque très récente, dissocié la culture littéraire et artistique de la culture scientifique et technique.
Aujourd’hui, il n’en va pas de même. Exercer sa citoyenneté est devenu difficile. Que penser des affirmations contradictoires sur le réchauffement planétaire, sur le nucléaire et les énergies, sur l’épuisement de la planète, et même sur la crise économico-financière que nous traversons ? Pour tout cela, la culture scientifique est indispensable, comme une composante majeure de la culture tout court.
Par ailleurs, la jeunesse, particulièrement en Guyane où elle est à la fois si nombreuse et si défavorisée malgré les efforts de toutes sortes des collectivités publiques et des associations, ne pourra trouver une insertion professionnelle que dans la maîtrise simultanée et d’ailleurs corrélative des langues, des arts et de la technique.
Enfin, la Guyane dispose d’une particularité, une chance, exceptionnelle et mal appréciée : celle de l’existence en son sein de cultures holistiques, ne dissociant pas les pratiques sociales et ses manifestations artistiques d’une connaissance globale d’un environnement naturel si riche, connaissance qui force l’admiration de précision et d’adaptation.
Une seule de ces raisons aurait justifié la création d’un Centre de Culture scientifique, technique et industrielle. Il n’en existe pas en Guyane, contrairement à la quasi-totalité des régions françaises et même des autres régions d’outre-mer. Le projet de CCSTI de Guyane – joliment nommé « la canopée des Sciences », en synergie entre le Rectorat, la Direction des Affaires culturelles, le pôle guyanais de l’Université Antilles-Guyane, le Centre spatial guyanais et d’autres partenaires, Collectivités territoriales et secteur industriel, est donc une priorité, à l’heure d’un nouvel essor du spatial et de Kourou ainsi que de l’annonce de l’exploitation de gisements pétroliers au large de nos côtes.
Un CCSTI, c’est une institution destinée à faire découvrir, aimer les sciences et les techniques, de faciliter ainsi l’accès à des études et formations qualifiantes. Celui-ci, engagé avec passion et efficacité par ses préfigurateurs, Colette FOISSEY et Olivier MARNETTE, qui à eux deux additionnent des compétences solides en sciences sociales et en sciences « dures », va se concrétiser rapidement. C’est pour la DAC de Guyane un projet prioritaire.
Michel COLARDELLE
Directeur des Affaires Culturelles de Guyane
Cayenne, Février 2012.